Tout juste retraité, Patrick Bouvard, cofondateur du réseau Océazur et expert judiciaire près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, a récemment transmis les rênes de son entreprise Rêves d’Eau à Julien-Guy Dumas, un jeune professionnel passionné et diplômé du BP Piscine. De cette rencontre inattendue est née une belle aventure humaine et entrepreneuriale.
En quelques mots, pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
J’ai débuté ma carrière en 1989 en tant que technicien chez Aquilus Piscines à Lyon. Par la suite, j’ai rejoint mes deux associés pour cogérer Océazur et son réseau. Nous l’avons développé sous forme de contrats de licence de marque, atteignant à ce jour 12 enseignes. En 2013, nous avons cédé l’entreprise à Hubert Eicholz. Je suis descendu dans le Sud (Var 83) avec mon épouse, et, en mars 2013, nous avons créé Rêves d’Eau, spécialisée dans la rénovation et la construction de piscines. Parallèlement, je me suis orienté et spécialisé dans l’expertise privée et judiciaire, activité que j’exerce encore aujourd’hui près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence.
Pourquoi avez-vous décidé de transmettre votre entreprise ?
Le 16 août prochain (NDLR : entretien réalisé en juin 2025), je vais avoir 63 ans. J’ai toujours eu à cœur de transmettre mes compétences. Ce n’est pas logique d’accumuler des connaissances toute sa vie sans les transmettre. J’ai donc recherché une personne de confiance pour reprendre l’activité.
Quand avez-vous commencé à préparer la transmission ?
Pendant quelques années, j’ai donné des cours aux jeunes du BP 1 et BP 2 de la section piscine du lycée de Grasse. Cela représentait un vivier de jeunes talents, mais je n’y ai pas trouvé la « pépite » que je recherchais. J’avais en tête de trouver un jeune motivé que je pourrais former, encadrer, conseiller… mais je n’ai jamais eu d’échos favorables, malgré les présentations d’Océazur et de Rêves d’Eau que je faisais.
Comment avez-vous choisi votre repreneur ?
Julien-Guy était le seul candidat. Mais ce fut le bon. Une vraie perle. On s’est bien entendus, humainement et professionnellement, et tout ça grâce à un concours de circonstances ! En juillet 2024, mon voisin m’a parlé du parcours de Julien-Guy, le petit ami de sa fille. Il venait de créer sa micro-entreprise. Quand je l’ai rencontré, ça a matché tout de suite et dans les 2 sens. Il avait la motivation, l’envie, le sérieux. Il a fallu 9 mois pour organiser et faire aboutir la cession. Le temps d’une grossesse !
Comment s’est déroulée la préparation ?
Nous avons rapidement réuni nos experts-comptables pour valider les aspects financiers. Un prix de cession a été fixé, incluant le fichier clients/prospects, le matériel, les noms de domaine, l’adresse mail, mon accompagnement et mon savoir-faire. Nous avons ensuite trouvé une avocate spécialisée en droit des affaires pour rédiger le contrat de cession.
Quels documents avez-vous dû fournir ?
Les Kbis, les trois derniers bilans, l’état d’inscription, les contrats de location des véhicules, l’inventaire du matériel. La promesse de cession a été signée le 20 décembre 2024 et Julien-Guy a versé un acompte. Un beau cadeau de Noël pour tous les deux !!! La cession définitive a été signée le 29 avril 2025.
Quelles ont été les principales difficultés ?
La lourdeur administrative (Ndlr : à la date de l’interview, Patrick n’avait toujours pas encaissé l’argent, bien que la signature ait eu lieu le 29 avril. L’argent était toujours en attente de confirmation de la levée du séquestre de l’administration (délai légal). Le déblocage des fonds a eu lieu le 14 juillet 2025).
Quelles actions avez-vous mises en place pour l’intégrer ?
Je lui ai d’abord confié des clients pour tester son sérieux. Ensuite, en novembre 2024, je l’ai emmené au salon de la piscine à Lyon pour lui présenter nos fournisseurs, le PDG d’Océazur et nos affiliés. Puis en février 2025, nous avons assisté ensemble au séminaire des 20 ans du réseau Océazur, au Maroc. Il s’est immédiatement impliqué et très bien intégré.
Comment s’est passée la transition ?
Parfaitement fluide. On travaille main dans la main. J’ai gardé mon téléphone professionnel pour assurer le lien avec les anciens clients. Deux chantiers étaient en cours au moment de la cession. Il a mené et géré le dernier seul. Une vraie passation en douceur. Sur le papier, je me suis engagé pour trois mois, mais je vais le suivre toute l’année. Je resterai disponible pour lui.
Quels conseils donneriez-vous à un piscinier qui souhaite transmettre ?
Anticiper, au moins un à deux ans à l’avance. S’entourer de bons experts : avocat spécialisé et expert-comptable. Savoir valoriser son entreprise. Et surtout, prendre le temps : c’est un projet de vie.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette transmission ?
Je suis heureux. Je suis à la retraite depuis le 1er avril 2025. « Rêves d’Eau » va s’éteindre progressivement, mais « Les Piscines du Forez », la nouvelle société de Julien-Guy, prend le relais. Il est affilié au réseau Océazur, dont je reste le référent technique. La boucle est bouclée, avec fierté et sérénité.
Fiche d’identité de l’entreprise : Rêves d’Eau
Nom : SARL RÊVES D’EAU – RDE
Date de création : 25/03/2013
Date de cession/ rachat : 29/04/2025
Modalité de transmission : vente du fonds de commerce avec financement bancaire.
Effectifs : 1CA piscine : 212 600 € / 2021 (année COVID) – 276 000 € / 2022 – 118 000 € / 2023 (bascule progressive vers l’expertise)
Le repreneur, Julien-Guy Dumas – « Reprendre une structure existante m’a fait gagner des années »
Les Piscines du Forez- Fréjus (83)
Pouvez-vous nous retracer votre parcours avant la reprise ?
Je travaille dans le secteur de la piscine depuis maintenant huit ans. Tout a commencé lors de mon stage de 3e dans une entreprise de piscines, Irrijardin près de Saint-Étienne. Après un CAP maçonnerie, j’ai obtenu un BP Technicien piscine au CFA de Bains-les-Bains. J’ai aussi décroché une médaille de bronze au concours MAF. Ensuite, j’ai passé cinq ans à travailler à Saint-Étienne sur des projets de piscines neuves en coque polyester, avec la maîtrise complète du chantier : maçonnerie, local technique… Puis, ’ai voulu changer de région, m’installer dans le Var et j’ai créé ma propre structure, Les Piscines du Forez, début 2024.
Pourquoi avoir choisi de reprendre une entreprise plutôt que développer uniquement votre propre structure ?
Initialement, je n’avais pas du tout envisagé de reprendre une entreprise. Mon objectif était simplement de développer Les Piscines du Forez dans le Var, en micro-entreprise. Mais ma rencontre avec Patrick Bouvard a tout changé. Patrick est le voisin de mon beau-père. Lors de l’assemblée générale de leur résidence, ils ont échangé et mon beau-père lui a parlé de moi. Très vite, nous avons fait connaissance, et le courant est immédiatement passé. C’est une belle rencontre. Patrick est quelqu’un de très humain, passionné, avec beaucoup d’expérience. Il cherchait un repreneur et moi, j’étais en phase de structuration. Cette transmission s’est imposée comme une évidence : une opportunité à la fois professionnelle et humaine.
Quel était votre objectif principal ?
Patrick Bouvard est quelqu’un de très professionnel, rigoureux et très pédagogue. Au-delà du portefeuille clients, c’était vraiment le transfert de savoir-faire qui m’intéressait. Patrick a une expertise pointue, notamment en construction et rénovation. C’était une chance pour moi de m’imprégner de son expérience. Il a été formateur à Grasse, et il est aujourd’hui expert judiciaire près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence. En reprenant son entreprise, je pouvais bénéficier de sa clientèle existante, gagner du temps dans le développement, et surtout, apprendre ! Reprendre une structure existante m’a fait gagner des années en m’évitant le démarchage de A à Z et en bénéficiant de ses précieux conseils !
Comment s’est déroulé le processus de reprise ?
Long et parfois frustrant ! Il manquait souvent des documents administratifs, ce qui a retardé les étapes. Heureusement, ma comptable m’a épaulé pour monter un business plan solide. C’est ce document qui a convaincu la banque de m’accorder un crédit. Nous avons aussi fait appel à une avocate spécialisée en droit des affaires pour la rédaction des actes de cession.
Avez-vous rencontré des obstacles particuliers ?
L’administratif, essentiellement. Mais aussi quelques subtilités liées à l’assurance décennale. Heureusement, mon BP Technicien piscine a pesé dans la balance auprès des assureurs.
Comment avez-vous intégré l’activité de Rêves d’Eau à votre propre structure ?
Lorsque j’étais en micro-entreprise, j’opérais déjà sous le nom Les Piscines du Forez. J’ai choisi de garder mon identité. Quand les anciens clients appellent, Patrick leur explique qu’il part à la retraite et qu’il me transmet le flambeau. Cela instaure une vraie confiance. La transition se fait en douceur depuis 3 mois. Tout comme moi, Patrick travaillait seul, donc il n’y a pas eu de problématiques relatives aux salariés.
Quels sont vos projets à moyen terme ?
Dans un premier temps, je veux stabiliser l’activité et structurer l’entreprise pour pouvoir, à terme, embaucher un apprenti pour commencer à transmettre à mon tour.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune piscinier qui souhaiterait reprendre une entreprise ?
Il faut beaucoup de patience. Ne pas se précipiter. Écouter, apprendre, et surtout s’entourer : avocat, comptable… Et garder à l’esprit que reprendre une entreprise, c’est avant tout bénéficier de l’expérience d’un aîné.
Fiche d’identité de l’entreprise : Les Piscines du Forez
Nom : SARL LPF
Date de création : 18/03/2025
Date de cession/ rachat : 29/04/2025
Modalité de transmission : rachat du fonds de commerce par crédit bancaire.
Effectifs : 1CA prévisionnel 2025 : 100 000 €









