Implantée à Saint-Jean-d’Illac, tout près de Bordeaux, l’entreprise De Melo Piscines, qui emploie aujourd’hui 14 personnes, a vu le jour en 1988. Depuis 3 ans, date du départ à la retraite de leur père, Aurélie et Linda, sont à la tête de l’entreprise : Aurélie a plus particulièrement la responsabilité de la partie gestion tandis que Linda s’occupe principalement de la partie commerciale.
Enjeux Piscine : Un mot sur la saison 2023
Linda De Melo Paoloni : Les années Covid, 2021 et 2022, ont été caractérisées par une très forte demande et une activité soutenue dont le corollaire a été une gestion compliquée due principalement à une inflation importante et à des difficultés d’approvisionnements. Nous nous attendions, après ces années exceptionnelles, à une année 2023 plus difficile mais nous avons constaté que les premiers mois avaient été excellents. Ce n’est que début juillet que nous avons ressenti une baisse dans la quantité des contacts. Les causes sont multiples : inflation, interrogations des clients sur d’éventuelles restrictions d’eau – bien que la région Nouvelle Aquitaine n’ait pas trop été touchée – questionnements sur l’évolution des prix de l’énergie et de l’eau.
En revanche, depuis septembre et octobre, les contacts clients sont repartis à la hausse alors qu’habituellement cette période est plus calme. C’est surprenant. Notre planning chantier, de ce fait, est aujourd’hui complet jusqu’au mois de mai. Nous avons construit en 2023 près de 60 piscines et réalisé 30 rénovations, des chiffres équivalents à ce que nous avions réalisé en 2019, après avoir réalisé 80 constructions annuelles durant les années Covid. Nos clients, que je qualifierai de moyen-haut de gamme, nous ont sollicité pour des bassins plus petits mais sensiblement mieux équipés. Ils recherchent des produits de qualité et qui soient efficaces : électrolyseurs, automatismes et sont sensibles au « made in France », principalement pour les volets.
Autre nouveauté dans la demande : la couverture à barres, idéale pour couvrir les petits bassins et conserver ainsi la température de l’eau. Un point remarquable est une demande en forte progression pour les piscines inférieures à 10 m². Terrains plus petits et dispenses de demandes d’autorisations, permettent de s’affranchir des contraintes administratives toujours plus fortes et malheureusement toujours plus tatillonnes. Côté magasin, notre chiffre d’affaires sera égal à celui de 2022. Nous servons essentiellement des habitués qui recherchent chez nous conseils, services et analyses d’eau.
Et l’inflation ?
Du fait de l’inflation, les prix des bassins ont connu d’importantes hausses en 2021 et 2022. La situation n’a pas été facile à gérer car entre la validation d’un devis et le début de la construction il se passait, du fait de la demande importante, souvent près de 9 mois. En 2023 les délais étaient revenus à 3 mois pour les constructions et à 5 à 6 mois pour les rénovations. Les prix connaissent aujourd’hui une relative stabilité.
Autres évolutions dans les demandes des clients ?
À la suite du Pool Bashing de cet été les clients demandent à être rassurés. Ils nous posent des questions sur les produits de traitement ainsi que sur la consommation d’eau annuelle. Cette consommation d’eau est une préoccupation mais je constate qu’elle ne représente pas, finalement, un élément réellement déterminant dans leur prise de décision. Certains nous ont demandé, même si notre région n’était pas concernée par les restrictions, de remplir leur piscine la nuit afin de ne pas subir les remarques de leurs voisins ! Nous répondons à ces inquiétudes par beaucoup de pédagogie et d’informations, et avec des propositions telles que les filtres à cartouche et les pompes à vitesse variable, des équipements plus économes en eau et en électricité.
Et la rénovation ?
Les demandes de nos clients sont multiples. Ils nous sollicitent pour des changements d’étanchéité, liner ou membrane armée, l’installation d’escaliers et de banquettes, le rehaussement du fond du bassin, pour un volume d’eau moindre et plus de confort de baignade, la transformation de piscines de formes libres en bassins géométriques et l’installation d’électrolyseurs. La clientèle rénovation est intéressante car elle habituée à la gestion d’une piscine, est peu dépendante des décisions des banques, et dispose souvent d’un budget important à consacrer à leur bassin.
Quelles sont vos prévisions pour 2024 ?
Même si nous avons des commandes chantiers significatives, liées à notre bonne réputation et à la qualité de nos services et de notre SAV, nous restons prudents car la crise du bâtiment sévit dans une région touristique comme la nôtre. À titre d’exemple, en 2023 nous avons construit 10 piscines liées à des réalisations de maisons… pour 2024 nous n’avons signées que 2 piscines de ce type pour le 1er semestre. Heureusement la rénovation compense car nous avons un parc important de piscines « vieillissantes » – nous sommes en effet installés depuis 35 ans – qui ont ou qui vont avoir besoin d’une rénovation. Nous restons cependant vigilants, car nous manquons malgré tout de visibilité et, autour de Bordeaux, certains de nos confrères ont fermé. Nous surveillons attentivement nos marges en veillant sur les coûts. Le point qui nous inquiète le plus, je l’ai déjà évoqué, sont les déclarations en mairies, qui demandent toujours plus de temps pour être traitées du fait d’une administration de plus en plus tatillonne. On a le sentiment que l’on cherche à freiner notre activité et c’est parfois décourageant. Heureusement nos équipes sont rodées à ce type d’exercice et traitent les déclarations en mairie fortes de leurs expériences et assistées par un logiciel adapté et performant.
À retenir :
- Des bassins plus petits mais mieux équipés
- Des déclarations en mairie qui demandent toujours plus de temps