Quelques semaines après le salon Piscine Global, nous avons interviewé Frédéric Marmande, PDG du groupe Abridéal, pour échanger avec lui sur le marché de l’abri et ses tendances, ainsi que sur l’évolution de son entreprise et sa stratégie en ce début de saison 2025.
Enjeux Piscine : Votre retour sur cette édition du salon Piscine Global ?
Frédéric Marmande : « Sur le salon nous avons observé un intérêt croissant pour la solution abri de la part des pisciniers, des acteurs de la maintenance, des prestataires de services. Cet engouement est bien plus marqué qu’il y a dix ans.
Lors de la précédente édition de Piscine Global, seulement 10 acteurs étaient présents, ils étaient 19 cette fois-ci, illustrant la dynamique du marché de l’abri. Ce produit répond à de nombreux besoins, et la filière a considérablement évolué, notamment avec l’émergence des abris bas carbone, que nous avons lancés en 2024.
D’autres acteurs commencent également à s’y intéresser, témoignant d’une véritable prise de conscience. Par ailleurs, la forte réparabilité des abris favorise le développement d’un marché de seconde main. Nous voyons apparaître des produits reconditionnés et avons mis en place des partenariats avec des sociétés spécialisées dans ce domaine.
Comme nous avons l’un des parcs d’abris les plus importants, nous proposons à nos clients une offre complète, du simple changement des plaques de polycarbonate, pour redonner à l’abri un véritable coup de jeune après 15 à 20 ans, à son remplacement par un modèle plus moderne intégrant de nouvelles couleurs et technologies. Nous lançons régulièrement des campagnes dans ce sens. Selon les cas, nous les démontons pour les recycler ou nous les restaurons en collaboration avec des partenaires spécialisés, qui les refaçonnent et les remettent sur le marché.
Les poseurs constituent le cœur du service d’Abridéal
La rénovation est un axe récent mais essentiel, qui fait partie des piliers de l’entreprise, avec une approche fondée sur la réparation et la durabilité. Lorsque l’activité sur le neuf ralentit, il est essentiel de trouver des relais de croissance, et la rénovation s’impose naturellement. Nous disposons du plus grand parc du marché, avec 50 000 clients, et des techniciens formés et qualifiés pour assurer ces rénovations.
Les poseurs constituent le cœur du service d’Abridéal. Ils sont deux fois plus nombreux que nos commerciaux. Comme leur formation est essentielle, le remplacement des plaques exigeant une véritable technicité pour préserver l’intégrité de la structure, ils participent régulièrement à des sessions au siège afin de se perfectionner et de suivre l’évolution de nos technologies. Nous proposons donc une offre segmentée, combinant à la fois la rénovation d’abris existants et la vente d’abris neufs. Le modèle économique d’Abridéal repose sur l’idée que la rénovation vient compléter le neuf.
Abridéal se positionne au cœur des attentes des consommateurs, en étant un peu avant-gardiste dans le domaine des abris de piscine, notamment en matière d’éco-responsabilité. Lorsque j’ai annoncé à mes commerciaux que nous lancions l’abri bas carbone, j’ai insisté sur le fait qu’il était de notre devoir de montrer la voie. D’autres acteurs nous ont suivis, ce qui prouve que cette démarche s’inscrit dans l’avenir.
Le modèle économique d’Abridéal repose sur l’idée que la rénovation vient compléter le neuf
Les professionnels qui sont venus nous voir pendant le salon ne s’intéressaient pas seulement à la forme ou aux options des abris, j’ai eu le sentiment qu’ils cherchaient avant tout un partenariat durable avec un acteur solide, présent de longue date sur le marché et couvrant toute la France. Un acteur avec une offre globale, qui recycle et prend véritablement en compte l’impact environnemental de ses solutions.
Pour l’aluminium par exemple, nous avons toujours fait le choix de nous approvisionner en France ou en Europe.Il est rassurant, dans la période actuelle, de se tourner vers des acteurs bien établis. De trouver un spécialiste qui sait répondre à toutes les situations et proposer une solution à chaque configuration pour ne rater aucune opportunité d’affaires.
De nouvelles problématiques ont émergé, notamment celles liées à la gestion de l’eau et à la crise énergétique, qui incitent les professionnels à intégrer l’abri à leur offre. Ils sont plus nombreux à rechercher ce partenariat durable alors qu’avant, il fallait les convaincre de s’intéresser à l’abri.
La crise énergétique a accéléré ce changement, tout comme le besoin de cocooning et l’envie de prolonger la saison de baignade. En effet, il est aujourd’hui reconnu que l’abri chauffe naturellement le bassin et réduit la consommation d’eau en emprisonnant la condensation.
La filière va communiquer en début de saison les résultats d’une étude technique réalisée au sein de la FPP qui démontre le rôle de l’abri dans la lutte contre la déperdition d’eau. Elle nous permet de prouver avec certitude que l’abri est plus que jamais un produit d’avenir.
De nouvelles problématiques ont émergé, notamment celles liées à la gestion de l’eau et à la crise énergétique, qui incitent les professionnels à intégrer l’abri à leur offre.
L’organisation du groupe sur le terrain ?
Nous disposons de 8 plateformes régionales en France, la dernière en date étant située à Vichy. En cinq ans, nous sommes passés de 5 à 8 plateformes, ce qui représente déjà une belle avancée. Elles sont dédiées à l’installation, et à l’entretien du parc installé. Nous allons capitaliser sur ce maillage du territoire pour renforcer notre présence et notre efficacité sur le terrain, au service de nos clients et de nos partenaires.
Au sein du groupe Abridéal, nous avons la marque Abridéal, destinée aux consommateurs, et Vénus, davantage orientée vers les grands abris en verre, vers les professionnels du secteur HPA (Hébergements de Plein Air) et vers l’export. Nous fonctionnons en mode apport d’affaires : les professionnels viennent nous trouver et nous les accompagnons pour, ensemble, proposer une offre groupée pour installer un abri au-dessus d’une piscine.
Comment l’entreprise aborde-t-elle les enjeux d’aujourd’hui ?
Nous travaillons actuellement sur un système de récupération des eaux de pluie du toit des abris, le Rain Collect. Nous avons présenté une première version de ce système lors du salon, afin de recueillir les retours du public et de tester son accueil. Il est apparu que cette solution était perçue comme astucieuse et utile, et qu’elle allait dans le sens des économies d’eau.
Le dispositif se veut simple. Avec son clapet il permet de capter l’eau de pluie qui ruisselle sur le toit de l’abri, et de la filtrer à travers un média drainant, pour en éliminer les impuretés, avant qu’elle ne retombe dans le bassin. Comme il peut s’ouvrir ou se refermer d’un simple geste, cela permet au client de réaliser un appoint d’eau quand il le souhaite, notamment lors de précipitations importantes.
Chez Abridéal, nous restons prudents et avançons doucement mais sûrement. Nous avons déposé deux brevets et nous testons le produit auprès de spécialistes, qu’ils soient partenaires ou non. Une fois la solution finalisée, elle permettra d’équiper le parc existant et de le faire évoluer. Maintenant que nous savons que l’intérêt est bien présent, nous allons finaliser les prototypes et passer à la phase d’industrialisation pour proposer cette solution aux consommateurs au début du printemps.
Comment envisagez-vous la saison 2025 ?
Le marché incite à la prudence aujourd’hui. Nous avons enregistré une baisse de 5 à 10%, tout en restant sur un niveau historique d’activité. Le groupe a quasiment doublé son chiffre d’affaires ces dernières années. Nous sommes passés de 15 à 24 millions d’euros pour Abridéal, et Vénus a connu une croissance de près de 60%.
Lorsque le marché de la piscine connaît une forte croissance, l’abri progresse à un rythme plus modéré, en raison des capacités limitées en production et en installation. Résultat, lorsque le marché ralentit, après l’explosion que nous avons connue post-Covid, le parc de piscines existant nous sert aujourd’hui d’amortisseur, la proportion de piscines équipées d’un abri étant estimée sous la barre des 10%.
Pour la profession, l’année 2025 devrait être au moins aussi bonne que 2024… à condition de profiter d’un coup de pouce de la météo pour relancer le marché et redonner du moral aux consommateurs ainsi qu’à nos partenaires pisciniers. Il faut se concentrer sur le parc de piscines existant, qu’il faut équiper et renouveler. Le marché du neuf reste important, tout comme celui du renouvellement… la loi sur la sécurité a 20 ans !
Chez Abridéal, nous disposons d’arguments solides pour aller encore plus loin et prendre des parts de marché, grâce notamment à nos innovations produit, comme nos nouveaux abris et le collecteur d’eau. Nous continuons également de développer des partenariats avec les grands acteurs du monde de la piscine qui nous confient toujours plus de projets. Nous restons fidèles à nos valeurs, et dans une période plus difficile, cela apporte un sentiment de sécurité à nos partenaires. C’est pour tout cela que je suis très confiant pour la saison 2025.