La FPP a dressé un bilan de la situation particulière qu’a connu le département des Pyrénées Orientales pendant la saison 2023 en rappelant qu’en plus des arrêtés sécheresse interdisant le remplissage et l’appoint en eau des piscines, le préfet avait interdit la vente de piscines hors-sol.
Les premiers impactés par cette décision ont été les acheteurs de ce type de piscines, les primo-accédants et les ménages modestes alors que la canicule était importante.
Et d’expliquer que beaucoup de particuliers sont venus dans les magasins pour savoir s’ils pouvaient encore se baigner. D’autres ont préféré fermer leur piscine. Quant aux touristes, nombre d’entre eux ne sont pas venus en vacances dans le département parce qu’ils ne pouvaient pas se baigner. Les professionnels locaux n’ont pas demandé d’aide mais voulaient juste pouvoir continuer à travailler surtout que leurs carnets de commande étaient pleins. Résultats, des risques de dommage sur les ouvrages non remplis et une baisse de chiffre d’affaires pour la profession de l’ordre de -20 à -30 % dans le 66. Pour les 16 adhérents de la FPP des Pyrénées Orientales, cela a représenté une perte de CA de 1,5 millions avec l’annulation de 76 chantiers et le report de 92 autres, et avec comme conséquence le licenciement de plus de 30 salariés dès septembre.
L’arrêt des piscines a eu d’autres effets, comme la prolifération des moustiques dans les eaux vertes des bassins mal remplis. Les professionnels du département ont donc expliqué à leurs clients qu’ils devaient ouvrir et faire tourner leur piscine pour éviter la prolifération de ces nuisibles. Autre problème constaté, sans appoint d’eau les systèmes de sécurité ne fonctionnent pas.
Quelques accords ont été trouvés après des discussions avec le préfet mais la situation est restée très difficile.
Stéphane Loda, maire de Canet-en-Roussillon témoigne de l’impact des arrêtés sécheresse sur la vie locale
« Depuis le début de l’année, le département a reçu 50% de précipitations en moins par rapport à la normale avec des températures élevées et des nappes phréatiques qui présentent des signes d’alerte en raison de leur niveau assez bas. Le préfet des Pyrénées Orientales a pris des arrêtés de restriction et demandé à tout le monde des efforts, particuliers, agriculteurs, collectivités locales et acteurs économiques, notamment du tourisme et de la piscine auxquels il a demandé d’étudier des pistes pour l’avenir. Le résultat, a été une réduction de 30% des volumes prélevés dans les nappes et la remontée des niveaux de forage. »
Il a ensuite ajouté que la piscine était importante à plusieurs titres pour sa commune :
- Pour le tourisme : quand le sujet des PO est devenu médiatique, le téléphone de l’office de tourisme n’arrêtait pas de sonner, les particuliers demandant s’ils auraient accès à une piscine, essentielle pour passer de bonnes vacances. Le préfet a accordé une dérogation qui a permis au tourisme marchand de connaître une bonne saison. Cela n’a pas été le cas pour le tourisme non marchand (résidences secondaires) qui a subi un vrai fléchissement et qui représente la moitié de l’activité touristique.
- Pour les résidents avec piscine : « il faut relativiser l’effet de l’économie recherchée tout en recherchant des solutions. J’ai rencontré des résidents d’une résidence de tourisme qui respectaient l’arrêté mais comme ils n’avaient pas l’usage de la piscine ils prenaient 3 douches par jour pour se rafraîchir ! On obtenait donc un résultat inverse, puisqu’ils utilisaient davantage d’eau (20 litres par douche par personne) que n’en consomme la piscine.
- Pour les familles habitant en résidence sociale avec piscine hors sol, pour lesquelles il est plus facile d’organiser des activités autour de ce point d’eau que de partir en vacances.
- Pour le sport : la commune dispose de plusieurs bassins publics et a l’un des meilleurs clubs de France.
Et de conclure que la piscine est un levier économique important pour une commune comme Canet-en-Roussillon, surtout quand elle est concurrencée par la Costa Brava, de l’autre côté de la frontière, qui connait les mêmes difficultés mais n’a jamais envisagée de mettre en place des restrictions.