Le mauvais collage d’un raccord de tuyau, d’un coude ou d’une vanne, peut provoquer une fuite, voire une rupture au niveau de la pièce collée, ce qui engage la responsabilité du professionnel. Et si cela survient, ce n’est pas simplement la réparation du tuyau cassé qui coûtera cher, mais également les travaux nécessaires pour atteindre le cœur du problème, ainsi que la remise en état des aménagements qui auront été abîmés ou cassés pour le résoudre.
Deux experts du domaine nous expliquent comment réaliser le collage « parfait ».
L’importance du collage
Le collage des éléments en PVC dans les installations de piscine (tuyaux, coudes, vannes) constitue bien plus qu’un simple geste technique. Il s’agit d’une opération déterminante pour la pérennité de l’ouvrage, « un savoir-faire invisible » et l’assurance d’un travail bien fait qui ne mettra pas en cause la garantie du professionnel.
Dans un contexte de rationalisation des consommations, mais aussi de sécurisation juridique des chantiers, la qualité du collage devient une exigence incontournable. Même une micro-fuite invisible à l’œil nu est dommageable, pour la consommation d’eau – un sujet toujours plus important aujourd’hui – mais également, à terme, pour l’utilisation et l’entretien de la piscine.
Des risques pour la pérennité du bassin mais aussi pour le professionnel
Un collage mal réalisé peut avoir de graves conséquences sur le bon fonctionnement de la piscine ainsi que sur le professionnel :
- Techniques : fuites invisibles pouvant évoluer en infiltrations graves, perte de charge dans le réseau hydraulique (désamorçage, mauvaise circulation, etc.) ou rupture brutale de la canalisation sous pression.
- Juridiques et financières : en cas d’expertise, les experts s’attacheront à vérifier la qualité du collage avant tout. Si le diagnostic révèle un défaut de collage, la responsabilité du professionnel pourra être engagée dès lors que l’ouvrage est rendu impropre à sa destination. La réintervention peut vite s’avérer très coûteuse, dès lors qu’il faut casser pour réparer le dommage et remettre en état après l’opération, sans parler de l’atteinte à la réputation de l’entreprise.
- Sanitaires : une fuite dans le réseau, et c’est tout le travail de filtration et de désinfection qui peut être impacté, au détriment de la qualité de l’eau, avec des risques pour le baigneur.
Les règles d’un bon collage
Elles sont définies dans le DTU 60.33, partie 1.1, chapitre 4.2.1.
1 – Le choix de la colle :
Il dépend de la nature du matériau (PVC rigide, souple ou ABS pour les pièces à sceller), du diamètre des pièces, de l’environnement d’utilisation (à l’air libre, dans un local exigu, sous l’eau…) et de la température extérieure (aucun collage < 5 °C ou > 35 °C sans adaptation du type de colle).
Attention : ne jamais coller sur un filetage, au risque de rendre les pièces cassantes, sauf à utiliser, si cela s’avère vraiment nécessaire, un produit adapté.
2 – Préparation des pièces à coller
- Découpe : coupe droite impérative et sans bavures pour ne pas perdre de surface de collage.
- Chanfreinage à 15° sur l’extérieur pour éviter un effet de piston à l’emboîtement, qui chasserait la colle et réduirait le diamètre intérieur de la pièce.
- Ébavurage pour éliminer les déchets et éviter la formation d’un bouchon de colle, susceptible de générer une perte de charge.
- Montage à blanc, avec traçage d’un repère au feutre pour s’assurer de l’insertion complète de la pièce et de son bon alignement.
- Dépolissage : dépolissage léger à la toile émeri (ou au décapant « cleaner » chimique spécifique). Attention à l’excès de ponçage, qui risque d’augmenter le jeu entre les pièces.
- Nettoyage : bien essuyer les pièces pour éliminer la saleté et l’humidité, qui empêchent la polymérisation.
3 – Application de la colle
- Conseils avant l’application :
- Assurez-vous que le tuyau et la colle sont à la même température, afin d’éviter la dilatation ou la rétractation de la colle, ainsi que la déformation de la pièce.
- Ne pas appliquer la colle en plein soleil, pour limiter le risque d’évaporation prématurée du solvant.
- Encoller les deux parties avec un goupillon ou un pinceau adapté (éviter les vieux pinceaux qui perdent leurs poils), en commençant par la partie femelle. Éviter la surcharge de colle qui, en séchant, risque de se rétracter jusqu’à casser le joint ou de créer un boudin de colle à l’intérieur, ou, à l’inverse, le sous-dosage (par souci d’économie immédiate) qui rendrait le joint poreux.
- Procéder à un contrôle visuel du joint : il doit être régulier, sans coulure, ni fissure.
Attention : ne pas préparer plusieurs collages à l’avance, au risque d’une prise prématurée de la colle.
4 – Emboîtement des pièces et séchage avant mise sous pression
- Ne pas effectuer de rotation d’un quart de tour : cela peut créer une tension interne qui fragiliserait le collage. Cette rotation n’est pas nécessaire si toutes les étapes précédentes ont été correctement respectées.
- Maintenir manuellement les pièces pendant quelques secondes.
- Le Temps de séchage de la soudure à froid complet peut varier selon les conditions climatiques. Se référer au temps de séchage de la fiche technique du fabriquant
Remerciements à Jean-Philippe Salzedas et Julien Anselmo (Griffon France) et Romain Fazzalari (Axon International)


