L’entreprise de Stefano Pitruzella, Capsud Piscine réseau Magiline, est implantée à Puget-sur-Argens dans le Var. Il nous livre son analyse sur le déroulement du début de la saison 2024 après une année 2023 fortement perturbée par les restrictions d’eau.
Enjeux Piscine : Comment se comporte le marché de la piscine dans votre département ?
Stefano Pitruzella : Avant de parler de 2024 il faut revenir sur la saison 2023. L’an passé le marché de la construction a été fortement pénalisé par la sécheresse dans notre région, et les restrictions d’eau qui en ont découlé, avec pour conséquences de nombreux refus de déclarations préalables en mairie. Nous avons donc réorienté notre activité vers la rénovation, qui a représenté l’année dernière environ 80 % de la quinzaine de chantiers réalisés. Heureusement Capsud Piscine est une petite entreprise de 2 personnes et nous avons de ce fait la souplesse nécessaire pour nous adapter très rapidement aux évolutions du marché.
Quelles ont été les réactions de vos clients lors de cette période ?
L’année dernière, la piscine a été très fortement stigmatisée, aussi bien à la télévision que dans la presse, et cela a eu bien évidemment une influence sur le comportement des clients. Je me souviens en particulier d’un client qui m’a demandé de ne pas me déplacer lors du premier rendez-vous avec un véhicule marqué avec le logo de la société afin de ne pas attirer l’attention de ses voisins et de ses relations…
L’activité construction est-elle repartie à la hausse en 2024 ?
Les restrictions d’eau ne sont plus de mise dans nos départements car les précipitations ont été abondantes et les nappes phréatiques ont retrouvé un niveau satisfaisant. La construction est, de ce fait, repartie à la hausse et va représenter cette année entre 30 et 40 % de notre activité, le reste étant réalisé grâce à la rénovation. Le budget moyen pour une piscine que nous réalisons est de l’ordre de 40 000 € pour un bassin équipé le plus souvent d’un volet automatique. Nous proposons, également, des produits toujours plus économes en eau comme en énergie, tels que les pompes à vitesse variable et les filtres à cartouches, mais ces produits, même s’ils sont aujourd’hui plus abordables, ne rentrent pas toujours dans les budgets des clients. Paradoxalement, le retour des précipitations, même s’il est évidemment le bienvenu, génère cette année des retards dans le déroulement des chantiers ! Et même si elle est repartie à la hausse, la construction reste, dans notre région, toujours pénalisée par des contraintes administratives toujours plus fortes.
Avez-vous des exemples ?
Nous avons en effet à gérer un nombre important de refus des mairies lors des dépôts des déclarations préalables. Même si cette année nous ne subissons pas, comme l’année dernière, des refus dus aux arrêtés sécheresse, les contraintes imposées par les mairies sont toujours plus contraignantes ! À titre d’exemple, la mairie de Sainte-Maxime impose l’implantation de la piscine à au moins 5 m de la route et celle de Saint-Raphaël à au moins 6 m, rendant impossible un nombre significatif de constructions. J’ai ainsi l’exemple d’un client belge qui a préféré, de ce fait, faire construire sa villa avec piscine en Espagne plutôt que dans notre département. Face à toutes ces contraintes chronophages dans la constitution des dossiers, et afin de ne plus perdre de temps, je les confie désormais à un architecte, ce qui me permet de dégager du temps que je peux consacrer à l’activité chantier. Cependant, en observant ces lourdeurs administratives, toujours plus pesantes, je ne vous cache pas que je suis pessimiste pour l’avenir de la construction de piscines dans notre région.
Envisagez-vous de vous orienter encore plus vers la rénovation ?
Probablement, mais dans ce domaine les contraintes sont également fortes et c’est un combat quotidien car la concurrence est rude, même si le parc de piscines à rénover dans notre région est important. L’inflation de l’ordre de 30 % qui a suivi la période Covid, a fortement augmenté le coût d’une rénovation et impacté ce marché. Beaucoup d’acteurs, opportunistes, interviennent aujourd’hui en rénovation même s’ils ne sont pas compétents, ni même parfois assurés. Ils prennent ainsi des marchés en cassant les prix et bien souvent, au final, ce sont les clients qui en font les frais ! C’est pourquoi protéger notre profession avec un code APE spécifique serait bienvenu. Enfin, la rénovation demande un savoir-faire important et de la main-d’œuvre… J’aurais besoin de recruter un technicien mais c’est malheureusement un profil quasi impossible à trouver. C’est donc par obligation que nous continuons à œuvrer à 2.
Un mot sur les demandes de devis et sur votre carnet de commandes
Nous avons eu des demandes tardives pour réaliser des chantiers avant l’été mais nous avons dû les refuser compte tenu des délais administratifs et de notre structure. Aujourd’hui notre planning de chantier est complet jusqu’au mois de septembre. Quant aux devis, ils sont clairement liés à la météo : dès qu’un rayon de soleil apparaît, ils repartent à la hausse.
Capsud Piscine en chiffres
Année de création : 2018
Effectifs : 2 personnes